Perspectives et stratégies
Le consommateur peut-il continuer à stimuler la croissance?
Alors que nous continuons à débattre de la question de savoir si le Canada, les États-Unis ou le reste du monde sont en récession, vont entrer en récession ou sont capables d’éviter la récession, nous aimerions examiner un moteur principal de la croissance économique, soit les dépenses des consommateurs. Les dépenses de consommation finale des ménages sont une mesure des dépenses consacrées à tous les biens et services par les citoyens d’un pays et représentent environ 56 % de la mesure du produit intérieur brut (PIB) au Canada. Elles ont donc un poids important dans la détermination de la récession, mais aussi dans la manière dont de nombreuses entreprises verront leurs revenus, leurs bénéfices et, au bout du compte, le prix de leurs actions affectés. Ce que nous voulons vraiment savoir ici, c’est quelle est la capacité du consommateur à soutenir la croissance économique, si l’on tient compte des efforts de relance budgétaire de l’ère de la pandémie, dans le contexte d’une économie mondiale ralentie par des politiques monétaires généralement plus strictes.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Afin de protéger les Canadiens et l’économie des répercussions négatives de la pandémie de la COVID-19, le gouvernement fédéral a envoyé 211 milliards de dollars en aide aux entreprises et aux particuliers. En outre, pendant la pandémie, les confinements et d’autres mesures de précaution ont limité les dépenses en biens et services d’environ 180 milliards de dollars. La Banque du Canada (BdC) a estimé que les Canadiens avaient utilisé une partie de ces fonds pour rembourser leurs dettes ou effectuer des rénovations domiciliaires, mais à la fin de l’année 2020, plus de 100 milliards de dollars restaient sur les comptes bancaires des particuliers que ce à quoi on aurait autrement pu s’attendre. Au fil de l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie, cette capacité de dépense accumulée s’est libérée dans une économie qui peinait à répondre à la demande, car les chaînes d’approvisionnement en biens étaient perturbées et de nombreux services avaient de la difficulté à trouver des employés, les travailleurs avaient pris leur retraite ou avaient commencé à travailler dans d’autres secteurs.
À mesure que nous progressons au cours du deuxième semestre de l’année 2023, nous constatons que le ralentissement de l’économie mondiale est généralement reconnu. À l’échelle locale, les hausses de taux d’intérêt ont pour but de ralentir l’économie et de lutter contre l’inflation, notamment en équilibrant l’offre et la demande. Si ces efforts ont connu un certain succès jusqu’à présent, la croissance toujours forte des salaires, le resserrement du marché du travail, le faible taux de chômage et l’« épargne excédentaire » résultant des programmes d’aide gouvernementaux ont surpris de nombreux observateurs de la récession, repoussant les prévisions d’un déclin du PIB d’abord de fin 2022 à 2023, et maintenant à fin 2023 et peut-être 2024. Dans quelle mesure les consommateurs continueront-ils à dépenser alors que les vents contraires s’intensifient?
![Ralentissement de la croissance du PIB [éch. de gauche]; la pression pourrait s’accentuer à mesure que les hausses de taux de la BdC sont absorbées par l’économie [éch. de droite].](/-/media/rj/dotcom-canada/images/commentary-and-insights/markets-and-investing/insights-and-strategies-aug-2023-graphic-fr.jpg)