Réflexion sur les marchés

Par: Erik Moisan & Guillaume Desjardins-Tessier

Un peu difficile d'accepter qu'un autre été soit passé et que l'hiver approche à grands pas. L’année 2022 a été rocambolesque, compte tenu de ce que nous avons vécu au cours des 10 premiers mois. Nous nous attendons à un environnement qui demeurera volatile caractérisé par une instabilité et une insécurité persistante en 2023.

Suite aux prévisions de la banque mondiale quant à la croissance du PIB pour 2023, de 1% aux États-Unis, de 1,5% au Canada et de 0,5% en Europe, l'émergence d'une récession (est-elle déjà là?) devient plus évidente.

Quand saurons-nous officiellement que nous sommes en récession? Bonne question. La confirmation d’une récession n’est pas l’élément déclencheur de prise de décision pour nous. En réalité, comme à l’accoutumée, nous serons déjà en récession depuis plusieurs mois quand les économistes se risqueront à finalement avouer que c’est bien le cas. Ce qui est important, c'est ce que cela signifie pour vous, nos clients, et la santé financière de votre épargne et de vos portefeuilles. Nous tenterons d'y répondre dans le texte qui suit.

Tout d'abord, regardons qui cette récession affectera, ou qui sera affecté et comment. En effet, la réponse n'est pas la même pour tous, car elle dépendra d’où vous en êtes dans votre cycle de vie.

Pour ceux qui ont dépassé la phase d'accumulation ou ceux qui sont à la retraite, les effets de cette récession se feront sentir différemment par rapport aux personnes figurant dans des cycles précédents.

Pourquoi? En raison des taux d'intérêt. Les taux ont culminé en 1981 et n'ont cessé de baisser depuis, du moins jusqu'à tout récemment. Certes, il y a eu des périodes de hausse qui se sont terminées juste avant les récessions précédentes, mais dans l'ensemble, les taux d'intérêt n'ont pas eu d'impact aussi fortement ressenti qu'actuellement. En raison de l'inflation persistante, les banques centrales ont augmenté leurs taux directeurs de manière significative. En combinaison avec d'autres facteurs liés aux récessions (comme la sécurité d'emploi si l'économie ralentit encore davantage, etc.), cette augmentation des taux d’intérêt peut avoir un impact significatif sur la génération d’épargne. Les risques liés à l'emploi, conjugués à des coûts d'emprunt plus élevés, peuvent influer l'abordabilité d'achats importants, comme l’achat d’une propriété (ou le renouvellement de son hypothèque). Par conséquent, eux qui sont dans la phase d'accumulation peuvent à des défis immédiats. Si vous adoptez une vision à plus long terme, l'abordabilité peut devenir plus attrayante, comme c'est le cas récemment dans les chiffres des ventes immobilières résidentielles dans les grands centres comme Toronto, où des baisses de prix se font déjà ressentir.

À l'inverse, à certains égards, les retraités, avec des portefeuilles accumulés, vivent une situation différente : des taux plus élevés pour leur épargne. Il y a 1 an à peine, les meilleurs taux se situaient entre de 1 à 2% sur les titres à revenu fixe. Pour le marché monétaire (investissements à court-terme) nous étions sous le seuil de 1 %. Autrement dit, pour ceux qui souhaitaient auparavant un revenu fixe, il s'agissait d'une stratégie d'érosion du capital, c’est-à-dire, d’une perte de pouvoir d’achat. Le seul avantage était la liquidité. Aujourd'hui, un CPG encaissable paie environ 3.5% (Un CPG 12 mois non-encaissable paie environ 5%). Voilà plus de 10 ans que nous n’avions pas eu accès à autant d’obligations à bon prix et à taux intéressants. Cela signifie que les titres à revenu fixe ne sont plus une stratégie d'érosion du capital, mais redeviennent plutôt une composante intéressante de la gestion de portefeuille. Il devient également intéressant de considérer des échéances plus longues si on prévoie une diminution des taux d’intérêts au cours des prochaines années. Ainsi, pour certains, cette récession imminente offre un avantage invisible.

Néanmoins, cela ne s'arrête pas là. Le ralentissement économique a un impact significatif sur les valeurs des actions, comme vous avez pu le constater depuis janvier 2022. Ce qui s'est produit jusqu'à présent en 2022 peut être amplifié par le risque d'une erreur de politique monétaire par la Réserve fédérale (et/ou la Banque du Canada), celle de trop resserrer, trop vite et trop longtemps. C'est une réalité statistique. Cette situation s'est produite un certain nombre de fois dans le passé. Si les pouvoirs en place augmentent trop les taux ou trop rapidement, une correction du marché pourra avoir lieu et faire chuter les actions davantage. C'est pourquoi nous détenons généralement un peu plus de liquidités que d'habitude dans les portefeuilles. Jusqu'où l'indice pourrait-il chuter? C'est très difficile à dire. Le S&P500 pourrait facilement atteindre le niveau de 3300, avec un niveau d'incertitude croissant (venant de la Russie ?… de la Chine ?… de la Corée du Nord ?… du marché immobilier ?, etc.) ou environ 10 % de moins que là où nous sommes actuellement ou 6 % de moins les creux d'octobre.

Revenons un instant aux banques centrales et aux taux : on s'attendait à ce que la Banque du Canada relève ses taux de 0,75 % le 26 octobre dernier. Dans un geste un peu surprenant, le gouverneur de la Banque du Canada n’a augmenté le taux directeur que de 0,50 %. Cela pourrait signaler un assouplissement du resserrement à venir (si l’on peut s’exprimer ainsi!), qui pourrait prolonger un peu plus longtemps la situation actuelle ou réduire l’incertitude si la banque centrale décidait bientôt de prendre une pause. La Réserve fédérale américaine est l'élément clé à surveiller. Cette dernière a décidé de rester sur sa lancée et de hausser le taux des fonds fédéraux de 0.75% pour une quatrième fois, le 2 novembre dernier, soit 7 jours après la décision de la Banque du Canada.

En cas de stagnation économique ou de ralentissement important, la Réserve fédérale serait incitée à agir, dans le but de « relancer » l'économie. Fait intéressant, les conditions qui ont pu provoquer le choc (taux plus élevés trop rapidement) permettent d'y remédier. Pour relancer l'économie, les banques centrales vont probablement abaisser les taux, pour encourager le consommateur à dépenser. Comme nous l'avons mentionné dans le passé, la consommation représente environ les 2/3 du PIB de n'importe quel pays du G30. Pour croître, les grandes économies ont besoin de consommateurs qui ont des moyens financiers. IL faut donc que le gouvernement et/ou les Banques Centrales lLes deux étant indépendants… dans la mesure du possible) remettent de l'argent entre les mains des dits consommateurs de trois manières :

1- Créer de l’emploi (nous sommes déjà au plein emploi)

2- Réduire les impôts (les déficits sont tout simplement trop importants actuellement)

3- Baisser les taux d'intérêt (ce qui nécessite que les taux soient nettement supérieurs à 0 avant de pouvoir utiliser cet outil. C’est le cas maintenant!)

Il y a bien sûr un certain nombre d'autres paramètres à considérer :

Quand tout cela se passera-t-il? Nous restons prudents dans nos prévisions dans des temps aussi incertains (à défaut d’avoir trouvé une boule de cristal qui fonctionne sur Amazon.ca).

La montée des taux continuera-t-elle? Une très bonne question. Les banques centrales se basant sur les données économiques disponibles et les dites données étant rétrospectives, les taux pourraient continuer à monter tant que l’inflation ne montera pas de signe de ralentissement important. Les pronostiqueurs du marché suggèrent (certains d'entre eux) 5% comme cible, ou une autre hausse de 1%. L’avenir nous le dira.

Quand les taux atteindront-ils leur pic, et quand la Fed pivotera-t-elle (changera-t-elle son fusil d’épaule)? Impossible à dire, pour les raisons ci-dessus. Mais si on devait se prononcer, on miserait sur le premier (ou le deuxième!) trimestres de 2023.

Bien que l'incertitude règne actuellement, nos expériences combinées nous disent que le virage est proche. Bien que nous ne soyons pas indemnes, nous sommes convaincus que cela aussi, comme d'autres incidents de ce type, passera et deviendra un lointain souvenir, comme 1987, 1994. 1998, 2000 et 2008. Toutes n'étaient pas des récessions, mais toutes ont eu un impact assez effrayant sur le psychisme et les portefeuilles des investisseurs. Cependant, aucun n'a eu d'effets durables.

Avoir la possibilité d'acheter avec un rabais de 35%, les actions d’une compagnie solide et bien gérée qui a un historique de croissance de son dividende est très attrayant pour nous.

Nous sommes impatients de saisir certaines de ces opportunités pour vous au cours des prochains trimestres.

Comme toujours, nous apprécions vos commentaires et vos questions, et vous remercions de votre confiance.

Guillaume et Erik

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