RÉFLEXION SUR LES MARCHÉS
Bonne et heureuse année! Nous espérons qu’en ce début d’année, vous êtes en excellente santé et que vous avez profité pleinement de la période des fêtes pour passer du temps de qualité avec la famille et les amis.
Avec le commencement de la nouvelle année, nous souhaitons partager quelques idées et réflexions avec vous concernant les sujets qui nous préoccupent actuellement.
Nous prévoyons une première baisse des taux des banques centrales au cours des deux prochains trimestres. Cela devrait soulager les détenteurs de dettes, mais nous devons admettre que l'ère des prêts hypothécaires à moins de 2 % d’intérêts est révolue (pour l’instant du moins…). Parallèlement, l'anticipation que les taux à plus long terme (10 à 30 ans) restent élevés pour une période prolongée devrait apporter un certain réconfort aux retraités en quête de revenus fixes décents.
La structure de taux plus élevés a un impact direct sur le secteur immobilier, bien que cela varie d'un pays à l'autre. Aux États-Unis, la plupart des prêts hypothécaires ont une durée de 30 ans, et une large proportion a été refinancée à des taux bas à long terme avant les récentes hausses. Ainsi, aucune crise immobilière majeure n'est prévue au sud de la frontière. Cela pourrait cependant toucher la construction de nouveaux logements (un secteur crucial de l’économie), car les gens hésiteront à échanger leur bien immobilier actuel, renonçant ainsi aux taux avantageux sur 30 ans qu'ils ont sur leurs propriétés existantes (rappelons que les Américains ont la chance de pouvoir fixer leur taux hypothécaire sur un horizon de 30 ans, contrairement aux canadiens qui doivent renégocier tous les 3 à 5 ans en moyenne). Le secteur de la construction neuve pourrait prendre une pause de quelques trimestres après avoir montré beaucoup de résilience à cause d’un autre facteur considérable, soit une pénurie de maisons dans plusieurs régions en demande.
Au Canada, la situation est différente, la plupart des prêts hypothécaires ayant un terme inférieur à 5 ans. Au cours des 18 à 20 prochains mois, environ 31 % des prêts hypothécaires existants devraient être renouvelés. Dans le contexte canadien, la situation est plus préoccupante. Il y a deux ans, les taux pour un prêt hypothécaire canadien étaient d'environ 2 %. Aujourd'hui, le meilleur taux affiché est d'environ 5 % pour un terme de 5 ans. Cela représente plus de 1000 $ d’augmentation sur le paiement mensuel d’un prêt hypothécaire de 650 000 $ et 300 000 $ de plus sur toute la période d’amortissement de l’hypothèque.
Le Toronto Star a récemment suggéré que jusqu'à 60 % des prêts hypothécaires émis par les banques canadiennes devraient être renouvelés entre maintenant et 2026. Au cas où vous vous poseriez la question, cela représente 900 milliards de dollars. Ouf! À quel point ces emprunteurs hypothécaires sont-ils surendettés est une question sérieuse. S'ils ont acheté à la limite de leurs moyens lorsque les taux étaient bas, cela pourrait poser problème. Le gouvernement fédéral a mis en place en 2018 un test sur les acheteurs immobiliers afin que soit évaluée leur capacité de payer dans une situation plus difficile. La situation de l’acheteur (revenu et actif) doit se qualifier au plus élevé des deux taux suivants : 5,25 % ou le taux actuel plus 2 %. Les taux actuels sont supérieurs à 5,25 %. Pour qu'une personne puisse être admissible à un prêt hypothécaire au Canada, elle doit maintenant prouver sa capacité à payer le prêt souhaité à un taux de plus de 7 %. Cela s'applique à la fois aux nouveaux acheteurs et aux détenteurs de prêts hypothécaires existants qui souhaitent ou doivent changer de banque lors du refinancement ou du renouvellement. Dans le scénario mentionné ci-dessus de 650 000 $, cela signifierait que le demandeur devrait être capable de payer non seulement un supplément de 1 000 $ par mois, mais également un supplément de 2 000 $ par mois (environ 24 000 $ par an) en raison du calcul du taux supérieur à 7 % utilisé pour l’approbation hypothécaire.
Ainsi, la baisse des taux à court terme soulagera certains détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable dont le taux est passé à plus de 7 % l’an dernier. Comme les taux à plus long terme devraient rester élevés plus longtemps, le marché immobilier au Canada, en raison de l'accessibilité ainsi que du montant de la dette à renouveler, pourrait être considérablement affecté. C'est pourquoi vous pourriez lire et entendre plus fréquemment parler d'un « marché des acheteurs » : plus de vendeurs que d'acheteurs, faisant pression sur les prix. Tous les experts ne s’entendent pas sur ce scénario, entre autres à cause de la pénurie de logements toujours bien présente agissant à l’inverse de l’effet des taux d’intérêt sur les prix. À suivre…
Les marchés ont bien performé pour clore l'année. Les médias se sont concentrés sur le résultat annuel exceptionnel de l’indice américain phare, le S&P 500, démontrant un rendement impressionnant de 24,23 %. Ce qui est intéressant de noter dans ce cas, c'est que plus de 60 % provenaient de seulement sept des 500 actions. Ces sept entreprise ont contribué à 14,4 % du rendement total pour l’année, tandis que les 493 autres ont contribué à moins de 10 %. Au Canada, le TSX a enregistré un rendement de 8 % en 2023. Dans les deux cas, il y a eu une quantité significative de volatilité au cours de l'année. Par exemple, le niveau du S&P 500 le 1er janvier 2023 était de 3 824. À la fin de 2023, la valeur de clôture était de 4 769. Cependant, au cours de l'année, la somme des mouvements importants à la hausse et à la baisse représentait un changement cumulatif (absolu) de 4 425 points, soit 116 % par rapport à la valeur de départ.
Trêve de statistiques… Les premiers jours de 2024 semblent indiquer une certaine accalmie, alors que la perspective d'une récession (tant attendue?) devient plus répandue. La crainte concerne plusieurs problèmes liés à la solidité des bénéfices des entreprises, aux attentes de baisses de taux (trop peu, trop tard), et même à certaines spéculations selon lesquelles la Réserve fédérale pourrait relever les taux une fois de plus (une probabilité limitée, mais toujours présente) alors que l'inflation refait surface après une saison de dépenses des fêtes assez résiliente malgré tout.
La perspective de croissance des profits des entreprises pour 2024 est positive, mais la majeure partie de cette expansion est attendue au quatrième trimestre de 2024. Cette dite croissance pourrait ne pas s’avérer être assez importante pour soutenir les valorisations boursières actuelles. Les bénéfices totaux du S&P 500 prévus pour 2024 s'élèvent à 246,30 $. Sur la base du multiple actuel, l’indice américain se négocie à 19 fois les bénéfices prévus pour l'ensemble de l'année 2024. Certes, il est vrai que le marché anticipe les bénéfices en moyenne 6 à 9 mois à l'avance. Cependant, 19 fois les bénéfices est confortablement au-dessus de la moyenne historique. C'est certainement justifiable si nous sommes en reprise importante ou en expansion, mais nous doutons de la résilience des bénéfices des entreprises face à la récession projetée.
Nous nous attendons à ce que l'appel à la récession soit imminent et que cette dernière ne soit pas aussi douce que nécessaire pour maintenir les niveaux actuels de valeur des actifs boursiers, de façon générale. Bien que nous restions exposés aux actions, nous restons prudents dans notre sélection et continuons de bénéficier des taux élevés sur les obligations pour ajouter à cette classe d’actifs qui pourra profiter des éventuelles baisses de taux.
Dans notre expérience au cours des 38 dernières années, les cycles montent et descendent, et une correction du marché ne signifie pas la fin, mais plutôt une opportunité de déployer les liquidités ou de réaffecter les investissements en obligations que nous avons accumulés au cours de la dernière période.
Nos excuses pour le ton légèrement négatif de ce commentaire boursier, mais une once de prudence sur plusieurs fronts est justifiée pour cette année.
Merci pour votre fidélité et votre confiance. Nous sommes impatients de vous voir et de travailler avec vous cette année.
Comme toujours, nous accueillons vos commentaires et questions.
Un grand merci à vous tous,
Erik, Guillaume et votre équipe de Gestion Patrimonia.